LA BASILIQUE SAINT AUGUSTIN
St Augustin évêque d'Hippone est né en Algérie, à Tagaste, auj.
Souk-Ahras en 354, et décédé à Hippone, auj. Annaba en 430
TÉMOIGNAGE
Poème de Saint Augustin:
La Mort n'est rien.
Je suis maintenant passé de l'autre côté
Je suis moi, tu es toi.
Ce que nous étions l'un pour l'autre nous le sommes toujours.
Donne-moi le nom que tu m'as toujours donné.
Parle-moi comme tu l'as toujours fait.
N'emploie pas un ton différent,
Ne prend pas un air solennel ou triste;
Continue à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Prie, souris, pense à moi, prie avec moi,
Que mon nom soit prononcé à la maison
Comme il l'a toujours été.
Sans emphase d'aucune sorte
sans trace d'ombre.
La Vie signifie toujours ce qu'elle a toujours signifié.
Elle est ce qu'elle a toujours été
le fil n'est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de ta pensée ?
Simplement par ce que je suis hors de ta vue ?
Je ne suis pas loin,
Juste de l'autre côté du chemin.
Tu vois tout est bien.
Tu retrouveras mon cour
Tu retrouveras les tendresses épurées,
Essuie tes larmes et ne pleure pas si tu m'aimes.
http://www.frebend.com/associations/asat/augustin.htm
28 Août. Fête de saint Augustin, né à Souk-Ahras (Thagaste),
évêque d'Hippone et Docteur de l'Eglise (354-430).
27 Août. Fête de sainte Monique, mère de St Augustin.
Benozzo Gozzoli. (San Gimignano). St. Augustin
enseignant à Rome. Mort de
Ste Monique à Ostie.
> > >
Augustin naquit le
13 novembre 354 à Tagaste, en Afrique du Nord (aujourd’hui en Algérie), fils
du païen Patricius et de la pieuse Monique. Son nom vient du latin augustum,
qui signifie « consacré par les augures, vénérable ». Il reçut
de Monique une éducation chrétienne sans être baptisé. Il étudia la rhétorique
et la philosophie à Madaure et à Carthage, et, au cours de ces années, il adhéra
au manichéisme, renonçant pratiquement à la foi chrétienne. À partir de
dix-sept ans, il vécut quinze années en Concubinage avec une femme qui, en
372, lui donna un fils, Adéodat, lequel resta avec son père jusqu’à sa mort
précoce, en 389. Augustin enseigna la rhétorique et la philosophie à Tagaste,
à Carthage, à Rome et à Milan. Là, curieux des grandes qualités d’éloquence
de l’évêque Ambroise, il suit ses prédications, qui l’amenèrent à la
conversion et au baptême. La scène de sa conversion a lieu en 387 à Milan ;
étendu sous un figuier dans son jardin, il entend une voix d’enfant qui lui
dit : « Tollé, lege » (Prends, et lis). Ouvrant au hasard le
livre des Épîtres de saint Paul qu’il avait avec lui, il lit les versets 12
et 14 du chapitre 8 de l’Épître aux Romains : « Ne vivez pas dans
la débauche et l’impureté, mais revêtez-vous de Notre Seigneur Jésus-Christ »Il
se prépare ensuite au baptême, qu’il reçoit de la main de saint Ambroise la
nuit de Pâques de l’an 387, avec son fils Adeodatus et son ami Alypius. Sa mère
Monique l’accompagne dans la plupart de ses voyages, et meurt à Ostie sur le
chemin de retour vers l’Afrique En 388, Augustin rentre donc seul en Afrique
pour vivre dans une communauté religieuse et il fut ordonné Prêtre trois ans
plus tard. En cette qualité il seconda pendant quatre ans l’évêque
d’Hippone, auquel il succéda en 396. Il mourut le 28 août 430, alors que les
vandales assiègeaient la ville.
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.....
La
ville de Bône est et sera à jamais marquée du sceau du plus grand
docteur de l'église africaine : Saint Augustin.
> > Pour pérenniser son souvenir et lui témoigner
sa reconnaissance, la communauté chrétienne d'Afrique fit édifier, à
Hippone, une basilique qui, du haut de son promontoire, surplombe de son port
majestueux la vaste plaine étendue à ses pieds et l'admirable baie de Bône
limitée par la ligne des deux caps qui l'encadrent. Le choix de son
emplacement, une colline de l'ancienne cité d'Hippone, est hautement
symbolique. MEMENTO
> >
de Charles CIANTAR
A travers les siècles, Saint-Augustin demeure le Premier des Pères
de l'Eglise, le Docteur de la Paix.
La
pensée augustinienne est le levain de la Catholicité et l'Auteur de la « Cité
de Dieu », des « Confessions », demeure le guide spirituel des âmes et des cœurs, auxquels il apporte
foi et amour.
La Basilique de Saint-Augustin, à Hippone
et sa Relique sont les témoignages de sa présence parmi la population de
l'Afrique du Nord, et, tous les jours, avec une ferveur accrue les pèlerins de
toutes les confessions viennent prier et demander les grâces qu'il dispense.
C'est à leur intention que nous publions
cet opuscule qui est à la fois un historique et un guide.
Nos éminents prédécesseurs, M. le
Chanoine Péronne, en 1930, et le P.-N. Merlin, O.E.S.A., en 1935, avaient édité
des brochures explicatives.
Nous les avons résumées, condensées,
mises à jour, nous inspirant également largement, en ce qui concerne l'histoire
des Reliques de Saint-Augustin, des études si documentées de M. l'abbé Beccard,
Chanoine honoraire d'Alger, curé de Rovigo qui fut un des témoins du retour à
Bône de la précieuse relique,
de
S.-E. Mgr Combes, Evêque de Constantine et d'Hippone, qui tint, par
sa brochure, à
en marquer le
cinquantième anniversaire (1892) et, enfin, de M. le Chanoine Leroy à
qui revint l'honneur d'avoir pu achever la Basilique actuelle et dont le corps
repose dans la crypte de notre beau sanctuaire, à côté de ceux de nos vénérés
prélats.
Nous serions heureux si notre travail
répondait à notre vœu, instruire les fidèles et servir utilement la mémoire de
Saint-Augustin, fondateur de notre
Ordre, le plus grand Docteur de
l'Eglise.
R.-P. MIZZI
O.E.S.A. Recteur de la Basilique
d'Hippone
Résumé de la Vie
de Saint-Augustin
C'est à Thagaste (aujourd'hui Souk-Ahras)
que le 13 novembre 354, il y a donc 1.600 ans, sous l'empire de Constantin II,
fils de Constantin, naquit Saint-Augustin. Il eut pour père Patrice et pour
mère Monique. On lui donna les noms d'Aurélius Augustinus.
Thagaste n'était alors qu'un petit municipe
et Patrice y exerçait les fonctions de Curiale. Très peu fortuné, il était d'un
assez bon naturel, mais brutal et débauché, et il resta païen jusque vers la fin
de sa vie.
Monique, africaine, appartenait à une
famille chrétienne. Sa piété était éminente, et si Augustin ne reçut pas le
baptême, il n'y a pas à en chercher la cause ailleurs que dans l'opposition de
Patrice.
Voilà le milieu dans lequel fut élevé et
grandit l'enfant. A l'âge de 13 ans, lorsqu'il n'eut plus rien à apprendre dans
les écoles de Thagaste, il entra à l'Université de Madaure (M'Daourouch,
aujourd'hui Montesquieu), à 30 kilomètres de Souk-Ahras, pays natal du fameux
philosophe platonicien Apulée, pour y continuer ses études.
Augustin
enfant élève à Madaure
Il n'y
resta pas longtemps, car son esprit ouvert et sa très grande passion pour les
Lettres, les Arts et les Sciences déterminèrent ses parents à lui faire suivre
les leçons des grands maîtres, et trois ans après, nous le trouvons à Carthage
où il
fait sa rhétorique.
Il y conquit rapidement ses grades. Comme le barreau était autrefois ce qu'il est
toujours resté depuis, le piédestal qui hissait aux grandes charges, Augustin
prit rang parmi les avocats de la ville de Didon.
C'est là qu'il tomba dans des écarts qu'il
devait plus tard pleurer amèrement : il y embrassa le système des Manichéens et
y contracta une liaison coupable dont il eut un fils, nommé Adeodatus (Dieudonné),
qui mourut à l'âge de 16 ans.
A peu près vers cette époque, il eût la
douleur de perdre son père Patrice, qui, touché enfin de la grande vertu de
Monique, s'était converti et avait reçu le baptême.
L'an 383, mécontent de la jeunesse de
Carthage qui fréquentait ses cours d'éloquence, il partit pour Rome,
s'arrachant par surprise à sa mère qui voulait le retenir ou le suivre, il y
professait depuis quelque temps avec un grand succès, quand la ville de Milan
eut besoin d'un professeur de rhétorique. Elle s'adressa à Symmaque, préfet de
Rome, et celui-ci lui envoya Augustin. Il fut fort apprécié à Milan.
L'attrait qu'il avait pour les orateurs le
conduisit souvent au pied de la chaire de saint Ambroise. Les sermons du saint
Evêque firent sur lui, à son propre insu, une sérieuse impression. Il alla le
voir et en fut bien reçu. Les entretiens qu'ils eurent ensemble achevèrent de
l'ébranler au point qu'il prit la résolution de renoncer au manichéisme et il
se fit catéchumène. Les oeuvres de Platon, mais plus encore les exhortations de
ses amis Simplicien et Potitien, les savantes instructions de saint Ambroise,
les pleurs et les prières de Monique, la lecture enfin des Epîtres de saint
Paul achevèrent sa conversion. Il reçut le baptême des mains de saint Ambroise,
le jour de Pâques de l'année 387, avec Alypius son ami, et Adeodatus, son fils.
Après avoir examiné en quel lieu il
pourrait servir Dieu plus utilement, Augustin résolut de retourner en Afrique
avec sa mère, son frère et un jeune homme nommé Evodius.
Arrivés à Ostie, ils s'y reposaient du long
chemin qu'ils avaient fait depuis Milan et se disposaient à s'embarquer.
Ici se place une scène demeurée célèbre et populaire sous le nom de
"
Vision d'Ostie ", reproduite d'après le tableau d'Ary Scheffer, sur un des
vitraux de l'abside de la Basilique.
Un soir, Augustin et sa mère, assis à une
fenêtre qui regardait le jardin de l'hôtellerie où ils étaient descendus,
s'entretenaient avec une extrême suavité, oubliant tout le passé et portant
leurs regards sur le céleste avenir.
Ce soir-là, la nuit était calme, le ciel
pur, l'air silencieux et aux clartés de la lune et à la douce scintillation des
étoiles, on voyait la mer étendre au loin à l'horizon l'azur argenté de ses
flots.
Augustin et Monique se demandaient quelle
serait la vie éternelle. Ils franchissaient d'un bond de l'esprit les astres,
le ciel et tous les espaces qu'habitent les corps. Ils passent ensuite avec le
même élan au-dessus des anges et des créatures, même spirituelles ; ils se
sentent transportés jusqu'au trône de la
Sagesse
éternelle, et ils ont comme une Vision de Celui par lequel tous les êtres sont
et qui lui-même est toujours sans aucune différence de temps.
Combien de temps dura cette extase ? Elle leur
sembla fugitive comme l'éclair et ils se sentirent hors d'état d'en évaluer la
durée.
Revenus à eux-mêmes et obligés d'entendre
de nouveau le bruit des voix humaines, Monique s'écria : " Pour ce qui me regarde, je n'ai aucun
plaisir en cette vie ; je ne sais ce que je fais encore ici, ni pourquoi j'y
demeure ". Ils venaient d'entrevoir les beautés du Ciel et ils méprisaient
les pauvretés de la Terre.
Le lendemain de ce jour, Monique tomba
malade et elle mourut neuf jours après l'extase qui l'avait ravie et élevée au-
dessus de ses sens. Augustin rendit pieusement les derniers devoirs à cette
illustre sainte qui fut, comme il le dit lui-même, doublement sa mère.
Après un séjour de quelques semaines à
Rome où il était retourné, il revint à Carthage, mais il ne s'y attarda pas. Il
lui tardait de rentrer à Thagaste. Là, il perdit son fils Adeodatus, vendit et distribua aux pauvres les biens que
son père lui avait laissés, et vécut trois ans en Communauté avec ses fidèles
amis Alypius, Possidius, Evodius et Fortunatus, dans le jeûne, la prière, la
méditation de l'Ecriture, l'étude approfondie de la vérité chrétienne et la
composition d'ouvrages de défense Catholique. Cette retraite devait le
préparer, à son insu, à la haute destinée que Dieu lui réservait. En 391,
Augustin arrive à Hippone, et il fut, pour ainsi dire, pris de force par la
population chrétienne qui, connaissant sa réputation, le voulut comme prêtre et
ensuite comme évêque. L'évêque Valère l'ordonne prêtre. C'est à cette année que
remonte le premier monastère qu'il fonda.
En 393, un Concile général eut lieu dans
cette ville. Les Pères de l'Assemblée
furent si frappés de l'extraordinaire savoir d'Augustin qu'ils le jugèrent
digne d'une place plus éminente. Valère se rendit à leur désir ; il se hâta de
le nommer son coadjuteur et de le faire sacrer, par Mégalius, évêque de Calama
(aujourd'hui Guelma).
C'est ainsi que pendant quarante ans
environ, il dirigea la chrétienté d'Hippone, prêchant presque chaque jour à son
peuple de magnifiques sermons dont un bon nombre nous sont parvenus, réfutant
par des écrits et des conférences publiques les Manichéens, les Donatistes, les
Païens, les Pélagiens et autres adversaires de la vérité chrétienne.
Son nom devint si célèbre dans l'Eglise
que la plupart des grands personnages de l'époque tournaient les yeux vers
Hippone d'où ils attendaient la lumière, tandis que les Papes eux-mêmes
envoyaient à Augustin les écrits des hérétiques en le priant de les réfuter. Il
mourut en 430 dans d'admirables sentiments d'humilité et de résignation
chrétienne, pendant que les Vandales assiégeaient, sans pouvoir s'en emparer,
sa ville épiscopale.
Son vieil ami Alype, encore évêque de
Thagaste, était accouru au chevet de l'illustre mourant et ce fut lui qui lui
ferma les yeux. L'Eglise entière le pleura avec l'Afrique Chrétienne.
Augustin fut enterré dans sa chère et
célèbre Basilique de la Paix, et peut-être, prétend don Jaubert, dans la
chapelle attenante à celle-ci et que le Saint Évêque avait édifié pour
recueillir les reliques du diacre protomartyr Saint-Etienne.
Autel à Saint Augustin dit par
erreur Tombeau de Saint Augustin
Les Reliques de
Saint-Augustin
Nous avons dit qu'Augustin fut enseveli, ou
dans sa cathédrale, ou dans la chapelle de Saint-Etienne qui lui était
contiguë,tout en demeurant un oratoire distinct. C'est une disposition qu'on
retrouve dans plusieurs églises africaines, notamment dans la Chapelle tréflée
de la Basilique de Tébessa.
C'est là que reposa le corps du grand
Docteur jusqu'à la fin du V°siècle, c'est-à-dire pendant 70 ans.
En 496, Trasamund, successeur de Guntamund,
neveu de Genséric, monta sur le trône. Il était aryen. Dans sa haine contre
l'Eglise Catholique, il résolut de la détruire. Pour atteindre son but, sans
recourir à la persécution sanglante, il renouvela l'interdiction de
donner des successeurs aux Évêques
Catholiques défunts. Les prélats africains ne tinrent aucun compte de
l'édit
et ils
continuèrent à pourvoir de titulaires les sièges vacants. Le roi fit alors
saisir les évêques ordonnés et ceux qui les avaient consacrés, et il les
relégua en Sardaigne. Deux cents évêques environ, durent prendre le chemin de
l'exil. Parmi ces bannis, se trouvaient des évêques de Numidie, entre autres
Eugène, de Carthage, et Fulgence, de Ruspe. Ceux-ci eurent l'idée d'emporter
les ossements d'Augustin, et avec eux, pour les soustraire à un danger
destruction, ses incomparables ouvrages qu'on avait sauvés de l'incendie
d'Hippone et qui étaient déjà célèbres par tout
l'univers.
Ces précieux restes renfermés dans une chasse de bois sculpté, revêtue de
plomb intérieurement, et, selon la coutume du temps, recouverte
d'un voile d'une couleur éclatante, avec deux fioles pleines de nard et de
parfums, et une petite Croix de bois (sa Croix pectorale sans doute), furent
déposés à Cagliari dans la basilique de saint Saturnin et dans une urne de
marbre blanc, encore subsistante, et révérée elle-même à cause de ces
vénérables souvenirs. Ils y demeurèrent pendant deux cent vingt-deux ans,
c'est-à-dire jusqu'au commencement du VIII siècle.
C'était l'époque où les Musulmans
venaient d'envahir l'Europe Occidentale ; ils occupaient l'Espagne et toute la
Gaule méridionale. Les bandes qui rentraient en Afrique débarquèrent en
Sardaigne dans l'intention de la piller. Ce fut alors que Luitprand roi
des Lombards, justement ému, craignit pour les ossements d Augustin
l'injure d'une profanation. En toute hâte, il envoya dans l'île une Commission
d'illustres personnages chargés d'en rapporter à tout prix les reliques
vénérables. Ils les obtinrent contre
soixante mille écus d'or, et
bientôt, porteurs de ces dépouilles sacrées, ils abordèrent au rivage de Gênes.
Luitprand lui-même, une partie de ses
troupes, un grand nombre d'évêques, de prêtres, de seigneurs et un peuple
innombrable les y attendaient, qui accompagnèrent le glorieux corps d'Augustin
jusqu'à Pavie où il fut déposé dans le triple souterrain de la Basilique de
Saint-Pierre-du-Ciel-d'Or. C'est là que, sans interruption aucune, depuis 722
jusqu'en 1695, il resta enseveli et gardé nuit et jour par des Religieux
d'Ordres différents, les Bénédictins d'abord, et à partir de 1326, sous le
Pontificat de Jean XXII, les Ermites qui portaient son nom « Eremitae Sancti
Augustini ».
Trois reconnaissances officielles de ces
reliques, en dehors de celle qu'en fit Luitprand, en ont confirmé la parfaite
authenticité La première par délégation du Pape Benoît XIII, sur la demande des
Supérieurs majeurs des Chanoines Réguliers de Latran et des Augustins, fut
faite le 26 juin 1728, par Monseigneur l'Evêque de Pavie, François Pertusati ;
la seconde, en 1799, par Monseigneur Olivazzi, qui transporta la chasse dans sa
cathédrale, en sorte que treize siècles après avoir été déposé dans sa Chapelle
de Saint-Etienne d'Hippone, saint Augustin était transporté dans l’Eglise
Saint-Etienne de Pavie ; la troisième, le 27 août 1832 par Monseigneur
Louis Tosi, qui a apposé ses sceaux sur les sceaux reconnus intacts de ses
prédécesseurs. 72 ans plus tard, en 1900,un autre évêque de Pavie, Monseigneur
Riboldi, avait la joie de
ramener
dans son Eglise de Saint-Pierre-du-Ciel-d'Or, où il est resté depuis, le corps
du saint Évêque d'Hippone et de lui rendre comme gardiens les Ermites de saint
Augustin qui reprirent possession de leur couvent cette année même. Plus de
quarante lampes brûlent autour du chœur en l'honneur du Saint La ville de Pavie
en entretient une, le Chapitre une et chaque province de l’Ordre des Augustins
y a la sienne.
QUATORZE SIECLES PLUS TARD
Tout ce que nous venons d'écrire concerne
l'ensemble des Restes de saint Augustin. Nous allons dire maintenant un mot de
la Relique insigne que nous possédons à Hippone.
C'est le bras droit du Saint, uina brachii
dextri, ce bras qui nous a transmis par l'écriture la pensée du plus profond
des génies et du plus ardent des cœurs.
Comment est-il en notre possession ? Voici
:
Dès les premiers jours de 1842, Monseigneur
Dupuch, premier évêque d'Alger, s'embarqua pour l'Italie dans l'intention de
déposer aux pieds du Père Commun des fidèles, Grégoire XVI, l'hommage de sa
soumission et de son respect et de traiter avec lui des intérêts de son nouveau
diocèse. Mais une autre idée le poursuivait : ne pourrait-il pas obtenir, pour
son diocèse, de la générosité de l'Evêque de Pavie, quelque précieuse relique
de l'illustre Docteur africain ? Après sa visite au souverain Pontife, il se
rendit à Pavie, soumit son désir à l'Evêque qui, avec la meilleure grâce, voulut
bien y obtempérer, sous la réserve que le Saint-Père autorisât cette donation.
De concert, ils fixèrent au mois d'octobre la cérémonie de la translation, et
Monseigneur Dupuch rentra dans sa ville épiscopale. L'attente lui parut bien
longue, car saintement jaloux d'un don si précieux, il lui tardait de repartir
en Italie pour le rapporter à son Hippone. Enfin, le 12 octobre 1842, il est
de nouveau à
Pavie et là, en
présence de tout son
Chapitre réuni, par Induit de Grégoire XVI, Monseigneur Tosi ouvrit la
châsse et remit solennellement à Monseigneur Dupuch, le bras droit de saint
Augustin.
Le 16 du même mois, après de vifs
remerciements et des adieux émus au clergé et au peuple de Pavie, Monseigneur
Dupuch reprenait le chemin de l'Algérie. A Milan, à Navarre, à Vercelli, à
Turin, à Nice, à Fréjus, partout où le pieux évêque s'arrêta, la relique du
Saint Docteur reçut les honneurs les plus extraordinaires du Clergé et des
fidèles, tous heureux de vénérer un instant le trésor magnifique que l'Italie
rendait à l'Afrique.
Le vénérable évêque de Fréjus accompagna
Monseigneur Dupuch jusqu'à Toulon. Sept évêques et plus de cinquante prêtres de
différents diocèses les y attendaient. On était au 22 octobre. Le lendemain,
qui était un dimanche, après une messe très solennelle et une chaleureuse
improvisation de Monseigneur l'Evêque.
d'Alger,
la Sainte Relique portée par quatre prêtres en habits sacerdotaux, parcourut
les principales rues de la ville, précédée d'un peuple immense et suivie de huit
évêques en chapes et en mitres.
C'étaient : Messeigneurs Dupuch,
d'Alger ; Michel, de Fréjus ; Donnet, de Bordeaux ; Monyer, de Prilly, de
Châlons ; de Mazenord, de Marseille ; Sibour, de Digne ; Chatrousse, de Valence
; Dufêtre, de Nevers.
Enfin, le 25 octobre, le « Gassendi »,
affrété par le Gouvernement, recevait à son bord le bras sacré et les prélats
qui lui faisaient escorte, sauf Monseigneur l'Evêque de Fréjus, retenu par son
grand âge. Le « Ténare » suivait avec nombre de prêtres et de religieux. Au
bruit des cloches et de l'artillerie des forts,les deux navires quittèrent la
rade de Toulon où plus de vingt mille âmes avaient acclamé Augustin.
En passant devant la Sardaigne où l'on eût
bien voulu s'arrêter, si l'on n'eût craint de retarder d'un jour l'arrivée en
Afrique, le vénérable évêque de Châlons, élevant la châsse, bénit avec le bras
droit du Saint d'abord la France, puis l'Afrique, pays d'Augustin, et enfin
l'île hospitalière qui, 1.344 ans en arrière, lui avait donné asile.
Chasse reliquaire de Saint Augustin
Le 28 au matin, on était dans le golfe de
Bône. Le canon tonne ; le son joyeux des cloches lui répond ; le bruit de
l'arrivée des deux bâtiments se répand dans toute la ville ; la foule se
précipite vers le port. Alors a lieu le débarquement du pieux pèlerinage.
Monsieur l'abbé Suchet, vicaire général d'Alger, placé sous un dais de velours
cramoisi, don magnifique du roi Louis-Philippe, reçoit des mains du successeur
d'Augustin, le précieux dépôt que l'Eglise de Pavie rend à sa soeur d'Hippone.
Le cortège des prélats et du clergé s'avance solennellement vers le somptueux
arc de triomphe, sous lequel les autorités civiles et militaires attendent
l'évêque d'Alger pour lui présenter leurs félicitations et leurs vœux. C'est M.
Pépin, maire de Bône, qui s'en fait l'éloquent et délicat interprète : « Le
bras que renferme cette châsse, dit-il, semble être venu pour bénir nos
bannières et assurer à nos armes tous les trophées de la victoire ; il semble
n'être restitué aux lieux où il fit des choses immortelles que pour y opérer de
nouveaux prodiges, que pour commander aux sources fécondantes de la foi
religieuse et de la science humaine de
jaillir
de nouveau sur cette terre altérée et de lui rendre sa beauté et sa richesse
premières ».
Monseigneur l'évêque d'Alger remercie
Monsieur le Maire, et avec lui, toutes les autorités, de leur empressement et
de leur zèle à contribuer au triomphe d'Augustin.
Puis, il laisse encore une fois éclater la
joie dont son cœur
déborde,
et plaçant sa main sur la châsse sacrée, il s'écrie : « Jungamus dexteras,
joignons les mains, ô vous que je ne sais de quel nom appeler ; si je vous
nomme mon père, ah ! vous l’êtes certainement, je tremble d'usurper ce grand nom
de votre fils ; si je vous nomme mon frère, je rougis d'être aussi peu
digne d'une telle parenté ; si je vous nomme mon prédécesseur et mon ami, vous
l'êtes, il est vrai, mais qui suis-je pour succéder à Augustin ? Joignons donc
nos mains, ô vous qui êtes mon père, mon prédécesseur et mon ami ; joignons nos
mains pour bénir cette nouvelle Hippone qui vous reçoit avec tant de joie, pour
bénir ce peuple que vous n'aviez pas connu, mais qui veut devenir votre peuple
; pour bénir ces guerriers qui nous entourent et au courage desquels nous
devons ce doux triomphe d'aujourd'hui ; pour bénir ceux-ci qui sont nos frères
aussi, quoique séparés de nous par une foi étrangère, pour bénir enfin ces
lieux, cette terre que vos yeux contemplèrent jadis, ces montagnes qui
retentirent tant de fois des accents de votre voix éloquente, ces plaines, ce
beau pays enfin, aujourd'hui comme autrefois, tout plein de votre
gloire
».
Les sept évêques gravissent l'un après
l'autre les degrés de l'Autel pour vénérer les ossements précieux d'Augustin ;
après quoi, Monseigneur Dupuch, les prenant dans ses mains, les présente au
peuple et le bénit solennellement.
Ensuite, au chant du Te Deum, on se rendit
à l'Eglise d'alors, obscure et pauvre, où la Relique fut placée sur l'Autel
pour y être exposée à la vénération des fidèles. Le lendemain, avec la même
pompe et avec le même concours du peuple, une autre procession eut lieu aux
ruines d'Hippone. Un arc de triomphe et un autel avaient été dressés à
l'endroit même où s'élève aujourd'hui le petit monument qu'on appelle improprement
« Le Tombeau de Saint-Augustin ». Une messe solennelle y fut célébrée et
d'autres discours prononcés. Saint Augustin bénit son Hippone retrouvée. Sa
châsse fut rapportée à Bône et placée provisoire-
ment
sur l'Autel dans l'informe et étroite mosquée abandonnée par les Musulmans qui
servait alors d'église. De là, plus tard, elle fut transférée dans la
pro-cathédrale de Bône, où elle resta jusqu'au jour de la consécration de la
Basilique actuelle d'Hippone 29 mars 1900.
Depuis la veille de ce grand jour, le bras de Saint-Augustin repose,
selon le mot de Monseigneur Gazaniol dans ce reliquaire de pierre et de marbre
vraiment digne de lui, qu'est la Basilique.
Ce fut au célèbre Cardinal Lavigerie, homme
aux grandes initiatives, que revint l'honneur de réaliser ce vœu des évêques.
Vers 1880, il faisait, par l'intermédiaire
de M. Paul Joannon,
l'acquisition
de tout le haut de la colline, appelée désormais colline
Saint-Augustin.
Une bonne moitié en était aussitôt cédée à
la Congrégation des Petites Sœurs des Pauvres, en vue d'y établir l'hospice
actuel des vieillards, tandis que la partie nord-est, qui fait face à la mer,
était réservée à la future Basilique.
L'architecte choisi, fut M. l'Abbé
Pougnet, du clergé de Marseille, à qui sont dues également la Basilique de
Carthage, ainsi que l'église, dite des Augustins Réformés, à Marseille même.
« Les travaux ont duré près de vingt ans,
et la Basilique a été consacrée le 29 mars 1900, par Mgr Oury, archevêque
d'Alger.
Elle
est du style romano-byzantin, qui s'harmonise parfaitement avec la limpidité du
ciel d'Hippone. Elle est fort remarquable par l'élégance de ses lignes, tant à
l'intérieur, qu'à l'extérieur. Cependant, il est regrettable que la pénurie des
ressources n'ait pas permis de suivre le plan primitif de M. Pougnet. On a
supprimé et c'était le désespoir de l'architecte, les galeries de la nef et du
chœur, qui devaient être semblables à celles de la cathédrale de Carthage. On a
supprimé toute l'ornementation très orientale, que l'architecte avait tracée,
sur les ogives de la nef, et plus particulièrement dans la coupole.
«
On regrette aussi les modifications qu'on a été forcé de faire, toujours par
manque d'argent, à différentes parties de la façade. Ainsi, on a supprimé une
série de clochetons, et on les a remplacés par des pilastres coniques très
lourds. A la place des écussons de Monseigneur Gazaniol et de Monseigneur
Combes qui y ont été mis après coup, M. Pougnet avait indiqué un très joli
motif de décoration arabe, qui devait être taillé dans la pierre et orner les
pilastres ; il avait pris la peine de faire les cartons des verrières
représentant les scènes de la vie de Saint-Augustin.
La
Basilique est loin d’être achevée, il lui manque toute cette décoration
intérieure. Mais telle quelle est, dans la simplicité sévère de ses lignes,
elle a un caractère très original, et très admiré de tous ceux qui la visitent
».
L’entrepreneur fut M. Barthélémy Rossi, de
Bône, auquel succéda
M. L.
Tammy, grandement secondés tous les deux par leur premier contre-maître, M.
Ferdinand Lsmbo.
Après d'assez importants travaux de
déblaiement au cours desquels furent-trouvées plusieurs antiquités
remarquables, le 9 octobre 1881, jour de la consécration épiscopale, par le
Cardinal Lavigerie, de Monseigneur Combes, élu évêque de Constantine,la
première pierre fut bénite et posée par le nouvel évêque.
En le quittant, aussitôt après son sacre,
le cardinal lui avait dit « le vous remets le bâton de pèlerin ; parcourez le
monde, afin de trouver les ressources nécessaires pour élever à Saint- Augustin
un temple digne de lui ».
LE PLAN GENERAL DE LA BASILIQUE
Autant que Ion peut en juger après coup,
lune des premières idées de l'architecte consista à donner à la nouvelle
construction un caractère à la fois local et historique bien marqué. L'ensemble
est évidemment celui des églises classiques d'Europe avec transept et abside ou
chevet qui donnent l'apparence d'une croix latine Cependant, M. Pougnet n'a pas
voulu transporter en terre
africaine
le style gothique, ni même le romain proprement dit : il leur a préféré le romane-byzantin avec le grand dôme et les cintres rentrants.
Mais ce qu'il a ajouté avec une certaine profusion, ce sont les réminiscences
de style arabe.
Ainsi les deux tours sont plutôt des minarets
; quatre petits marabouts soutiennent le
grand dôme ; un nombre énorme de
fenêtres rondes et de fenêtres en treillis sont superposées aux fenêtres ordinaires ; des décorations ou
frises tant extérieures qu'intérieures, longeant presque tout le monument, lui
donnent un air spécifiquement mauresque ; et aux principales arêtes de
la toiture se voient des motifs un
peu bizarres à première vue,
qui ressemblent assez à de petites pyramides soutenant un cône renversé.
Ainsi sont indiquées, par
l'architecte de la Basilique, les trois
principaux
peuples ayant dominé tour à tour sur la région : Romains, Orientaux et Arabes ;
et Saint-Augustin reste encore,par son monument de pierre, le champion de la
paix ou de l'union qu'il fut durant toute sa vie.
D'autre part, l'on n'a pas oublié à
Hippone les accessoires des grandes églises d'autrefois, principalement en
Afrique ; de sorte que l'on peut voir sur la colline une crypte en beau granit
de Takouch ou Herbillon, un péristyle avec ses colonnades colorées, un
secrétarium faisant face à la sacristie proprement dite, ainsi que trois
tribunes au-dessus du transept
et de l'entrée principale.
Commencée à la fin de 1881, la
construction s'éleva lentement, sans épisodes particuliers autres que quelques
interruptions dans les travaux, faute de ressources suffisantes.
Le contre-maître déjà mentionné tient à faire remarquer que jamais
le moindre accident ne se produisit au cours des travaux. Et il attribue cette
protection, d'abord à Saint-Augustin lui-même, mais aussi à une petite croix de
bois que l'architecte avait confiée aux entrepreneurs en leur recommandant de
l'élever au-dessus du chantier à mesure que les murs progresseraient (1 ; cette petite croix des plus
simples, utilisée dans le même but au
cours de la construction du «Presbyterium », est maintenant à la crypte
comme souvenir).
En 1886, la crypte était achevée et M. le chanoine Barbier,
aumônier des Petites Sœurs des Pauvres, et très dévoué à l'œuvre d'Hippone,
commença à y célébrer la Sainte Messe à partir du 15 mai.
En 1892, Monseigneur Combes fit commémorer par de grandes
solennités le cinquantenaire de la translation de la Sainte Relique. A ce
moment le gros œuvre de la Basilique était déjà terminé, à l'exception de la
coupole. Mais ce fut seulement en 1900, après avoir quêté un peu partout, même
aux Etats-Unis, et après le sacrifice de plusieurs propriétés foncières
consenti par la mense épiscopale de Constantine, en vue d'obtenir les ressources
nécessaires, que l'édifice put être achevé. Il fut consacré le 29 mars au
milieu d’une assistance énorme, malgré un ouragan formidable qui vint
malheureusement contrarier la cérémonie
LE DECOR INTERIEUR
Le visiteur qui veut se rendre compte de
la valeur de la Basilique fera bien, après s'être arrêté quelque temps près de
la balustrade pour admirer les détails de la façade, de se rendra au bas de la
grande nef et de s'adosser au tambour de la porte centrale. De là il pourra
jouir d'un coup d'œil d'ensemble et admirer la sveltesse de l'édifice, ainsi
que les couleurs judicieusement distribuées.
L'une des premières choses qui attirent le
regard, c'est le fond de l'abside destiné à recevoir QÏ garder la grande
Relique ; ces peintures de genre byzantin, où se reflètent presque toutes les
nuances de l'arc-en-ciel sont dues à M. Guittard, travaillant sous la direction
de M. Léris, peintre-décorateur à Bône ; elles furent inaugurées en 1911. A
remarquer la majestueuse inscription :
Eximio
Doctori nostro Augustino : « A notre illustre Docteur Augustin ».
En reportant le regard plus près, l'on
aperçoit dans la grande nef les huit colonnes monolithes en granit de Corse non
poli, soutenant des arcades byzantines aux bases très prolongées.
Au-dessus, frises plaquées, de genre
mauresque, dues, ainsi d'ailleurs que toute l'ordonnance générale du décor
intérieur, à l'initiative de M. le
chanoine Leroy, aumônier
de la Basilique de 1897 à 1927.
Les douze cariatides entre les vitraux de la grande nef, ainsi que celles des
transepts, portent chacune une banderole sur laquelle est inscrit le titre d'un
ouvrage ou d'un groupe d'ouvrages de Saint-Augustin.
Le plafond à caissons, imité des basiliques
romaines, fut exécuté sous la direction de M. Gazaniol, neveu de Monseigneur
Gazaniol, alors évêque de Constantine.
Sur les côtés, le long
des nefs basses, se voit un chemin de croix en relief, blanc sur fond niellé
d'or, encastré dans le mur et encadré par une frise moulurée en méandres :
fronton ajouré avec écu portant le numéro de la station : inauguré en 1910.
Au-dessus,
la décoration murale est achevée par les armoiries des évêques ou administrateurs temporaires du diocèse de
Constantine et d'Hippone.
Après quelque pas, nous nous trouvons en
face de la chaire-tribune inaugurée en 1909, grâce à la libéralité de M-
Audureau; avec le maître-autel de même matière, celle-ci constitue comme bijou
spécial dans l’ensemble de l'édifice. Colonnes en marbre rouge du Filfila, formant portique pour
supporter le plateau monolithe en marbre de Carrare, ainsi que la table en
onyx. Garde-corps en marbre de Numidie ; rampe en marbre blanc bourrelé d'onyx
; abat-voix en bronze doré ; croix de marbre rouge borde d'onyx, sur pilastre en
porphyre vert. Plafond de 1 abat-voix en onyx nuageux.
A remarquer, derrière le pilastre, un bel
échantillon de pierre agatoïde, incrustée de coquillages marins, ainsi que les
colombes mystiques becquetant une grappe de raisin, en onyx. L ensemble de
cette chaire est dû à la Maison Cantini, de Marseille, propriétaire des
marbrières d'Aïn-Smara.
L’écusson du milieu représente les armes
de Saint-Augustin sur fond cuivre, agrémentées de larmes et de la devise :
Doctrina et lacrymis : « Par renseignement
et par les larmes ».
Le maître-autel, dû à la générosité de
Monseigneur Robert, évêque de Marseille et ancien évêque de Constantine, est
constitué des mêmes matières que la chaire et exécuté par la même Maison :
piliers en marbre rouge, fond onyx ; table d autel d’une seule pièce en marbre de Carrare. Les trois inscriptions
en lettres dorées : « 0 sacramentum
pietatis, ô signum unitatis, ô vinculum charitatis », 0 sacrement générateur de
la piété, ô signe de notre unité, ô lien de parfaite charité, sont des
citations de Saint-Augustin parlant de la Sainte Eucharistie.
La garniture de grands chandeliers en
bronze aux armes de Pie X, ainsi que la croix centrale qui les complète, sont
des dons de M. le chanoine Lauke, du clergé de Marseille, et de la famille
Joannon.
Les deux anges adorateurs sont dûs à un artiste local. L'entourage
du chœur présente une série d arcades en marbre aux cintrer outrepassés,
supportées par des colonnettes en marbre rosé et entrecoupées de portes en
bronze doré.
L'on remarque également dans le sanctuaire
deux sièges de grand style, pour le
célébrant et le trône épiscopal, en chêne ciré.
En contournant vers la gauche, l'on arrive à la tribune du
transept dont le plafond est recouvert d'une boiserie en pitchpin relevé or,
avec lambris en losanges, à l'imitation du grand salon de l'Archevêché d'Alger,
harmonisés par rampe mauresque.
Au-dessous de cette tribune, les trois vitraux représentent des
épisodes de la vie de Saint-Augustin.
A
gauche, la légende bien connue de l'enfant puisant de l'eau dans la mer et
assurant au saint Docteur qu'il arrivera à dessécher celle-ci avant que
lui-même n'arrive à comprendre à fond le mystère de la Très Sainte Trinité.
Au
centre, Nôtre-Seigneur rappelant à l'évêque que c'est Lui qui est la nourriture
des grandes âmes et que celles qui le mangent sont transformées en Lui, au
contraire de ce qui se passe pour les aliments ordinaires.
A droite, réalisation scénique d'un passage des Confessions où
Saint-Augustin déclare que la charité divine s'était emparée de son cœur et que
celui-ci en était resté blessé comme par des flèches demeurées dans la plaie.
En
faisant quelques pas en arrière vers le choeur, l'on aperçoit au-dessus de la
tribune deux séries de vitraux représentant,d'une part, les trois premiers
évêques d'Hippone, Saint-Théogène, Saint-Fidentius et Léontius, qui, tous
trois, moururent martyrs, et dont le troisième fut l'auteur d'une basilique
appelée « Basilica Léontiana » ; et d'autre part, les principaux martyrs de la Numidie,
dont le premier en date s'appelait Namphanio.
En continuant la marche vers l'abside, l'on rencontre au passage
l'autel de la Très Sainte Vierge, en marbre vert et rouge antique, exécuté en
1910, en même temps que celui de Saint-Joseph qui lui fait pendant, et décorés
plus tard tous deux, grâce à un don de M. l'abbé Gastou,
alors vicaire à Bône.
Ces deux autels furent consacrés, en toute
intimité, par Monseigneur Bessières, au mois d'août 1918.
Au-dessus de chacune des portes des sacristies secondaires se
trouvent deux statues en bois de chêne datant de la Renaissance et données par
l'archéologue, M. l'abbé Longin.
L'abside avec son autel, ses peintures,
ses vitraux, semble avoir été destinée dès l'origine à servir de cadre à la
grande relique de Saint-Augustin.
Il
était réservé toutefois
à son Excellence
Monseigneur Thiénard de réaliser la magnifique statue-reliquaire en
pierre de Barbentane, contenant le cubitus authentique du Saint à sa place
naturelle qui, avec la précieuse châsse en bronze doré qui la surmonte,
constituera désormais le centre préféré de la dévotion populaire envers
l'illustre évêque d'Hippone.
Ce monument grandiose, fut inauguré le 25
avril 1935, au milieu d'un concours extraordinaire de prélats,
d'ecclésiastiques et de fidèles, en même temps qu'était bénit le nouveau «
Presbyterium » destiné à l'habitation des fils spirituels du Fondateur des
moines d'Afrique,
Les vitraux de l'abside rappellent les
faits marquants de la
vie de Saint-Augustin.
De gauche à droite, le départ pour Rome
malgré les supplications de Sainte-Monique, la conversion sous le figuier du
jardin de Milan, la reproduction de la vision d'Ostie par Ary Scheffer, le
baptême liturgique présidé par Saint-Ambroise de Milan et la mort à Hippone en
présence des religieux et des disciples du Saint.
.En contournant le choeur, l'on arrivé au
transept droit qui mériterait d'être appelé la chapelle de Sainte-Monique.
Au centre, un essai de reproduction, en
pierre, de la vision d'Ostie ; puis les vitraux rappelant les entretiens
philosophiques de Cassiciacum auxquels la Sainte prit une part importante, la
prédiction d'un évêque d'Afrique annonçant que « le fils de tant de larmes ne
saurait périr », et la mort de Sainte-Monique, à Ostie également, assistée de
ses enfants et de son petit-fils
Adéodat.
Les vitraux de ce transept, au-dessus de la
tribune, représentant les principaux évêques de l'Afrique proconsulaire, avec
Saint-Augustin au centre : à la série supérieure, ses plus intimes disciples,
Alypius, Possidius et Eugenius de Carthage.
Avant de quitter la Basilique, il convient de
retourner vers la grande nef, près du pourtour du chœur, et de tourner un
moment le dos au maître-autel pour se rendre compte du « Triomphe de
Saint-Augustin » dominant la tribune centrale.
On y aperçoit, au-dessus des trois
vitraux de la façade, (Sainte-Anne,
Sainte-Monique et Sainte-Marie-Madeleine), en relief sur le
mur, Saint-Augustin appuyé à la colonne de l'Eglise Catholique, écrasant le
serpent infernal, recevant l'inspiration du Saint-Esprit, illuminant à son
tour, par son enseignement, les religieux, les religieuses, les évêques et les
catéchumènes, et frappant à coup de marteau sur une enclume, figure des
hérétiques.
Près du tambour de la porte centrale, à
remarquer également un grand bénitier, en forme de vasque, et en marbre de
Nador.
**
CRYPTE
ET STATUE MONUMENTALE
Pour que la visite soit complète, il
convient de descendre à la crypte, bâtie sur le roc, presque toute en granit
d'Herbillon. Elle servit aux cérémonies du culte depuis 1886 jusqu'en 1900.
En 1925, Monseigneur Thiénord y fit élever le tombeau des évêques, pour abriter les restes de
Monseigneur Bessières et ceux de ses successeurs. En 1927, l'on y descendit
également la dépouille mortelle de M. le
chanoine Leroy qui, pendant trente ans,
en qualité de chapelain, avait grandement mérité de la
Basilique
Et Monseigneur Thiénard y repose depuis
1945. En descendant la colline, il est tout indiqué également de s'arrêter pour
contempler la statue
monumentale de Saint-Augustin. Elle est due à l'initiative
du chanoine mentionné et à la générosité de Mme Fanny Audureau, ainsi qu'en
témoigne la
longue
inscription commémorative.
Le costume a été particulièrement étudié
du point de vue archéologique : l'aigle
a été ajouté comme symbole de la profondeur du génie de Saint-Augustin : statue
en bronze de 2 m. 10 de hauteur, et 2.000 kilogs de poids, piédestal en pierre
blanche et degrés en granit d'Herbillon, inaugurée le 16 avril 1914.
En 1933, Monseigneur Thiénard a daigné
confier la garde de ce poème de pierre et de couleurs aux fils spirituels de
l'ancien évêque d'Hippone, officiellement les Frères Ermites de l'Ordre de
Saint-Augustin, qui font remonter leur origine jusqu'aux moines d'Afrique qui
furent obligés de s'exiler en Europe par suite de la persécution des Vandales
et autres ennemis du nom
chrétien.
Ce sont ceux-là qui, après avoir conservé
soigneusement les oeuvres immortelles, de leur Père, les emportèrent avec eux
et léguèrent ainsi ce trésor aux générations à venir.
De toutes ces données, il ressort que l'on
a déjà fait beaucoup sur cette colline pour perpétuer le souvenir et la gloire
de Saint-Augustin. Grâces en soient rendues à tous les réalisateurs et
bienfaiteurs !
Cependant tout n'est pas encore achevé ;
il reste notamment à entreprendre toute la décoration intérieure de la coupole
; espérons que la divine Providence inspirera un jour ou l'autre à quelques
fervents amis du grand Docteur l'idée de fournir les ressources nécessaires à
cet achèvement !